Jeudi 8 avril, le préfet de Mayotte inaugurait en présence du maire de Koungou et de nombreux élus de la ville, les premières maisons construites pour accueillir les premières familles expulsées des bidonvilles. Une opération symbolique, qui marque le pendant des nombreuses actions de résorption de l’habitat insalubre menées par l’État depuis l’année dernière.,
« Nous l’avons fait »
« L’opération d’aujourd’hui est un symbole pour la ville de Koungou mais plus largement pour Mayotte et sa population » déclarait hier Mr Assani Bamcolo Saindou, maire de Koungou. « Nous l’avons fait. Nous, ville de Koungou, nous voulions démontrer que le bidonville n’est pas une fatalité et que des solutions existent. Ici même il y a moins de deux ans, des maisons menaçaient de glisser sur le talus. C’est face à cette urgence que nous avons décidé collectivement de montrer ce qu’il était possible de faire... ».
Ainsi émergeait du sol plusieurs bâtiments dont la fonction précise sera de reloger les personnes expulsées, jusque là relogées par l’ACFAV et autres. Des logements colorés d’allure spacieuse au sein desquels trois familles pouvaient d’ores et déjà s’installer hier, après avoir reçu les clés de la main du préfet. Seulement trois familles à ce jour, mais les autres logements manquant encore de finitions seront prêts sous peu, comme nous l’explique Patrick Bonfils, directeur de la DEETS.
Après avoir solennellement coupé le ruban permettant l’accès aux logements, le préfet accompagnait Soulamena, l’un des nouveaux occupants, jusqu’à sa résidence. Et ce n’est qu’après un léger couac (mauvaises clés, mauvaises portes, mais que serait une cérémonie officielle sans une note d’humour ? ) que l’homme découvrait son nouvel appartement. Un intérieur plutôt large, une cuisine et des sanitaires décents, une pièce à vivre fraîche et agréable, un étage spacieux avec un lit double. Le tout agrémenté d’une vue sur Koungou, et construit aux normes antisismiques et anticycloniques. C’est plein d’émotions que Soulamena et sa famille remerciaient le préfet, face à ce logement qui leur coûtera moins cher qu’une case insalubre. « Nous sommes très compétitifs par rapport au prix du marché du banga » plaisantait le préfet, non sans un certain réalisme, au vu des tarifs onéreux des marchands de sommeil.
« Nous sommes déterminés à effacer les bidonvilles »
Selon Jean-François Colombet, cette opération « incarne l’équilibre de la politique publique que nous conduisons à Mayotte sur l’effacement des bidonvilles», déclarait-il avant de rappeler l’ambitieux objectif de cette campagne : la suppression de 600 ou 700 cases en tôle. « L’habitat est déterminant pour permettre l’élévation, l’éducation et pour permettre l’apaisement de la société mahoraise» déclarait-il, après une courte narration de ses pérégrinations dans « tous les bidonvilles » de Mayotte, se présentant comme le spectateur de nombreuses scènes accablantes, où adultes et enfants s’entassaient dans des conditions indignes. Ainsi se justifie l’opération de RHI, de laquelle découle ce « process industriel », qualifié comme « une première réponse à la politique que nous allons devoir conduire pour répondre à l’effacement des bidonvilles » selon le Préfet de Mayotte.